Morcheeba à Paris, c'est forcément un événement. Surtout depuis que Skye, chanteuse historique, identité vocale du groupe, est de retour avec les frères Godfrey. Après sept années qui ont vu défiler trois frontwomen, Daisy Martey, Jody Sternberg et finalement Manda, le groupe revient à ses origines et l'alchimie originelle métamorphose à nouveau les titres, qui chez d'autres auraient fait ritournelles pop, en un trip hop classieux. Ce soir, c'est leur septième album Blood Like Lemonade que le groupe du Kent vient promouvoir. Deux concerts parisiens sold out, une presse en ébullition et des fans transis, c'est l'exploit qu'ils auront réalisés cette semaine.
Il est 20h05 quand j'arrive au bataclan. Entre les classiques revendeurs à la sauvette et ceux qui distribuent moults flyers, je me fraie un passage à l'intérieur de la salle où Nic Bennett, première partie du groupe, est déjà en train de jouer. Jolie surprise: voix folk plutôt agréable, habileté à raconter des histoires. Accoudée à la barrière en bout de salle et malgré -ou peut être à cause- d' un son assez étouffé, j'ai l'impression de me retrouver au fin fond d'un pub Londonien un soir de novembre. Visiblement, le public de Morcheeba ne doit trop apprécier l'ambiance « public house » car après quelques applaudissements épars et pas franchement convaincus, il laisse partir le songwriter dans l'indifférence la plus totale.
C'est vers 20h50 qu'apparaissent tout d'abord Ross et Paul, chaudement applaudis. Le reste des musiciens prend ensuite place avant que Skye en mini-robe rouge evanescente ne fasse son apparition. Un ventilateur idéalement placé donne l'impression qu'elle est une sorte de papillion tropical, virevoltant au dessus de ses très terre-à-terre comparses. Visiblement ravie de retrouver la scène et le public- elle passera son temps à papoter avec les premiers rangs, à embêter gentiment les autres musiciens, eux aussi plutôt contents que la miss soit de retour avec eux – Skye retrouve ses anciennes habitudes avec une facilité déconcertante et une voix qui n'a pas changé.
Set list quasi parfaite pour l'occasion, bien qu'un peu courte. On aurait certainement aimé avoir plus de quatorze titres pour un groupe avec quinze années de carrière. Le nouveau single Blood Like Lemonade, en rotation maximale sur les sites musicaux, mais aussi les plus anciens comme Rome, Part Of The Process ou Be Yourself déclenchent des sourires entendus sur les visages des fans. Mention spéciale à Slow Down, Never An Easy Way, et bien sûr Beat Of The Drum pour lequel Skye organise un petit concours de chant inter-sexe et nous prouve qu'elle n'a pas qu'une vois doucereuse et trip hop mais aussi un sacré coffre de chanteuse blues.
Cependant, il n'y a pas à dire, Morcheeba possède aussi une capacité singulière à agacer. Agacement provoqué par les petits rires de Skye, qui minaudait beaucoup. Ceux qui n'étaient pas venus en vénérateurs de la belle se demandaient parfois où ils avaient atterri , s'en fichaient clairement de savoir que c'était elle qui avait fait sa robe et ont trouvé franchement ridicule les références quasi-constantes aux pétards, herbe et autre cannabis. D'accord, les Morcheeba ont toujours assez honnêtement revendiqué leur passion commune pour la weed mais passé un certain âge, le côté drôle, sympathique et un peu rebelle a tendance à devenir ridicule voire ringard. Un peu gênant aussi, comme si, à l'adolescence, votre mère venait raconter à vos potes ses souvenirs de jeunesse embrumée. Ou comme si Noel Gallagher continuait à discourir sur les bienfaits de la coke.
A chaque âge ses passions. A un moment, il faut aussi savoir vieillir avec grâce. Si l'on veut devenir culte.
images: www.le-hiboo.com
photographe NYCD
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It was already 8:05 when I arrived at the Bataclan. I made my way through the crowd of black market ticket sellers and into the venue where Nic Bennett, support singer of the band, was already playing. Nice surprise: he's got a good folk voice and a certain capacity to tell everyday life stories. Leaning against the barrier at the back of the venue and despite – or let's say maybe because of- a muffled sound, I felt like being in a pub somewhere in Chelmsford on a November night. Well, the Morcheeba crowd must not be a pub-crawling one as after some scattered and not so-convinced applause, they let the songwriter go away in total indifference.
It was towards 8:50 that Ross and and Paul decided to come on stage. Heartily applauded by the fans. The rest of the musicians took their places before Skye, in a red evanescent mini-dress, appeared. An ideally-placed fan (the one making wind, not the cheering one!) gave the impression she was a sort of tropical butterfly, twirling over her very down-to-earth sidekicks. It was visible she was happy to be back on stage with a cheering public- she spent her time chatting with the first rows, teasing the lads who were obvisously also very happy that the lady was back with them. Skye has succeeded in coming back with an easiness and a voice that has not changed a bit.
A near-perfection setlist, yet a bit short. I mean 14 songs covering a fifteen-year career, this sounds a bit meagre. Their new single, Blood Like Lemonade but also the old tunes like Rome, Part Of The Process or Be Yourself triggered knowing smiles on the fans' faces. A special award could have been handed to Slow Down, Never An Easy Way, and of course Beat Of The Drum for which Skye organised an inter-sex singing contest and proved that she has the lungs of a blues singer and not only a soft and mellow voice.
However- because there is a however, Morcheeba has the peculiar ability to irritate. Irritation caused by Skye's gigglings and mincings about. Those who had not come as worshippers were clearly wondering where the heck they had landed. They did not care about the fact that she had designed and sewed her dress and they found pretty ridiculous all the references to cannabis and joints. So what? We all know Morcheeba are weed lovers but at a certain point in your life (and age), the funny, nice, friendly and rebel side of it tends to become ridiculous and obsolete. All the more when the demands come from one of the most un-rock n' roll bands on the British scene. A bit awkward also, as if, when you were a teen, your mum had come to your friends to tell them all about her sex life. Or as if Noel Gallagher, now 43, was still discursing about taking coke like sugar on corn-flakes.
Yes, just like The Byrds would sing, to everything, there is a season. And Morcheeba will have to age gracefully. If they want to become a cult band.
pictures, courtesy of www.le-hiboo.com
photographer NYCD
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