dimanche 26 septembre 2010

REVIEW: Oasis- Time flies (mise à jour High and Loud)

Faire la review du best of d'Oasis, c'est un peu écrire l'épitaphe du groupe, symbole de la génération élevée au biberon de la Britpop, à l'excitation de l'ouverture de l'Eurostar, de la génération qui croyait que la Terre Promise était juste de l'autre côté de la Manche et qui aurait vendu sa mère pour un ticket front row face à Liam ou à Noël. Que dire sur le groupe des frères Gallagher qui n'a pas déjà été raconté, transformé, diabolisé, moqué, idéalisé?

Il est difficile de juger d'un best of quand tous les titres sont archi-connus et que pas un seul bonus track n'est ajouté. Commençant par Supersonic, premier single sorti en 1994, le double CD retranscrit 185 mois de folie, de désillusions, de soirées alcoolisées qui se terminent dans les larmes et les jets de verres de bière à Paris, avec la lettre ouverte de Noël sur le site officiel et sur l'album avec le bien nommé Falling Down. L'album couvre ainsi quinze années de carrière, ponctuées de 7 albums, de Definitely Maybe sorti en 1994 à Dig Out Your Soul en 2008. Oasis publie ainsi 26 singles dont 8 numéro 1 et 23 titre entrés dans le top 10. La version deluxe contient 36 clips, certains totalement inédits ainsi que la vidéo du concert au Roundhouse à Londres en 2009.

Time Flies 1994-2009, c'est surtout le point final à l'histoire du groupe, un double CD regroupant, si ce n'est, les meilleurs titres du groupe, au moins les plus connus. Bien sûr, ce nouvel album n'apportera rien de nouveau aux fans qui n'attendaient pas une nouvelle réedition de Supersonic, Wonderwall ou Go Let It Out mais purement et simplement le retour de l'aîné des frangins dans le giron Oasisien. Bien sûr, la maison de disque se doit de capitaliser sur le groupe moins d'un an après sa rupture au parc de St Cloud. Bien sûr, les fans l'achèteront ce best of, comme ils ont acheté tout ce qui avait trait à Oasis depuis 15 ans. Certains achèteront peut être même différentes versions (vynils, box set, double CD) pour l'artwork. Mais ce best of, c'est surtout ce qu'un jour nos neveux, nièces, enfants, filleuls achèteront quand ils découvriront le rock. Quelque part entre le Unplugged de Nirvana, les Blue et Red albums des Beatles, le 40 Licks des Stones. Peut-être que ce best of offrira à un Liam bedonnant de 55 ans, et à un Noël grisonnant de 60 l'envie de remonter sur scène pour cette nouvelle génération qui sera en quête d'idoles qui pouvaient fumer dans les bars, dire 40 fois le mot fuck dans la même phrase, faire des V-signs aux journalistes sans rien avoir à craindre ou à perdre.

Oasis, c'était la consécration de la laddish attitude, de l'ambition et de l'enthousiasme post-thatcherien. C'est le groupe qui a inspiré des millions d'autres, qui a réussi là où d'autres n'avaient même pas espéré passer les portes. Oasis, c'est l'énormité de Knebworth en 1996 avec 2 nuits sold out, 250 000 personnes présentes et 20% de la population de Grande Bretagne qui avait cherché à avoir une place. Oasis, ce sont les bagarres légendaires entre les 2 frangins terribles, bagarres qui au milieu des années 90 étaient suivies de près par les tabloids et les fans comme si l'avenir de l'Angleterre en dépendait. Oasis, c'était le retour de l'Angleterre dans le rock. Oasis, c 'était aussi les phrases choc sous coke, c'était gueuler à la face du monde qu'ils étaient le plus grand groupe de rock.

Oasis, c'est aussi le groupe le plus détesté des années 90 Qui n'aura pas eu de débat sans fin avec ses amis sur l'arrogance de Liam, sur le fait que Blur est mieux qu' Oasis? Qui n'aura pas entendu des milliers de fois que ce groupe copiait les Beatles? Mais qui n'aura jamais été aussi fier de se promener, Union Jack dans le dos, bob sur la tête, Benson and Hedges et bière à la main, autour d'un stade? Qui n'aura pas tenté une fois d'attendre les lads à la sortie de leur hotel? Qui n'aura pas ramené son walkman (90s oblige) en douce au collège pour écouter sur Fun Radio (oui, Fun fut une radio rock) le nouveau single d'Oasis pendant un cours de maths? Qui n'aura pas eu de crise d'angoisse post-festival Rock En Seine en écoutant Stop Crying Your Heart Out et en se demandant « et maintenant, on fait quoi? »?

Nous avons été fiers d'Oasis. Et c'est cette seule raison qui doit nous pousser à acheter l'album.
Un jour, au détour de vacances scolaires raccourcies, nos petits-enfants dans le salon de notre pavillon de banlieue trouveront nos photos, nos CDs nous demanderont de raconter. Ce jour-là, on sera content d'avoir Time Flies et de passer le flambeau. Et Fade Away résonnera à nouveau dans une chambre d'ado.

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