dimanche 26 septembre 2010

INTERVIEW: Band Of Skulls

C'est à une semaine de leur passage à Paris à la Flèche d'Or que je retrouve le groupe Band Of Skulls lors d'un passage éclair du groupe dans la capitale. Sur la route depuis un an, le trio de Southampton garde un enthousiasme débordant et communicatif. Retour sur douze mois qui ont vu les trois gosses du Hampshire passer du statut de stars locales à celui de rock stars mondiales.

C'est votre troisième passage à Paris cette année, vous faites une tournée mondiale qui a commencé il y a presque un an. Vous ne commencez pas à en avoir un peu ras-le-bol?

Emma: On ne peut pas en avoir ras-le-bol!
Russell: Et Paris, c'est tellement cool.
Matt: C'est juste un peu frustrant car à chaque fois qu'on vient à Paris, c'est pour faire un concert et on n'a pas le temps de visiter ou de se balader. Mais on va avoir du temps libre en octobre et je vais certainement revenir, mais pour en profiter cette fois-ci
Russell: Paris, attention! Matt arrive! (rires)

Dans une tournée aussi longue, est-ce qu'on trouve le temps d'écrire de nouvelles chansons ou vous vous êtes dits que vous alliez en profitez à fond?

Russell: En fait, on essaie d'abord de « survivre à la route », de faire de bons concerts.
Matt: Et on n'est pas très satisfait de ce qu'on écrit sur la route. C'est clair qu'il y a des tas d'idées de chansons qui nous viennent et là, par exemple, on s'est pris un peu de temps en studio pour voir ce que ça donnait et commencer l'enregistrement du prochain album.
Emma: Et c'est génial de pouvoir se concentrer uniquement sur le moment présent, sur ce qui est en train de nous arriver.
Russell: En plus, ça nous prend un temps surréaliste d'écrire quelque chose de correct en tournée. En trois semaines, on va progresser de façon ridicule alors qu'en studio, on mettra moins d'une heure à en faire cinq fois plus! Tourner, c'est vraiment génial mais pas très créatif.

Sur une tournée aussi longue, qu'est-ce qui vous manque le plus?

Matt: Les amis, la famille...
Russell: se raser ! (rire général- Russell porte une barbe très fournie) Je me suis rasé ce matin et vous avez vu ma tête cet aprèm?? (rire général). On s'éclate sur la route même s'il y a des moments où on se dit « tiens, j'aurais envie de ça » ou « j'aurais bien envie de voir Machin ». Mais on se dit qu'on a la chance de voyager, de voir tous ces endroits magnifiques. De quoi on pourrait se plaindre franchement?

Y a-t-il un pays dans lequel vous n'avez pas joué et dans lequel vous aimeriez aller?

Russell: En fait, on a une carte, on met des punaises sur les endroits qu'on a fait. Et on aimerait pouvoir faire l'Amérique du Sud, histoire de punaiser ce continent sur notre carte. Ca fait partie de notre plan de domination mondiale. (rires) C'est notre première année et on est fasciné par le trajet et les villes déjà parcourues.
Emma: On a joué il n'y a pas longtemps en Australie, au Japon. C'était la première fois. C'était génial.

En plus, le public japonais semble toujours super réceptif avec les groupes anglais.
Russell et Matt: bah..... (rires)

En tout cas, c'est ce qu'on dirait à chaque fois qu'on voit des vidéos de, par exemple, Kasabian ou Arctic Monkeys.
Russell: Pour nous, là bas, c'est vraiment le début. On a eu une première date, comment dire, plutôt difficile. (rire général)
Matt: On se dit toujours que réussir au Japon, c'est un énorme et tout. Et bon, on a réalisé qu'on n'était pas super connu là bas. Mais on s'éclate. Et rien que le fait d'avoir pu y aller, c'était vraiment cool. En plus, c'est un public super loyal. Enfin, bon, c'est ce que j'imagine.
Russell: C'est surtout que c'est super loin. Paris est vraiment très proche de Londres, on peut venir, repartir, c'est juste à côté. Mais le Japon....Du coup, ça devient un vrai challenge.
Matt: Perso, j'aimerais jouer en Russie, à Moscou.
Russell: Et il y a une super scène musicale aux Bahamas donc on va y faire une tournée de trois semaines, hein? (regard vers le manager) hein?

Quelle ville ou quel public vous a le plus marqué?

Emma: Aux Etats-Unis, ça a vraiment été la folie. Super impressionnant. En plus, on y est allé genre trois ou quatre fois. Le public a toujours été super. C'est gratifiant de voir le résultat de nos efforts.

Justement, comment vous expliquez que vous avez directement réussi aux Etats-Unis alors que la très grande majorité des groupes anglais galère clairement à percer outre-Atlantique?

Russell: On lit ça très souvent. C'est vrai qu'on a vu nos groupes préférés quand on était jeunes, genre les gros groupes comme Oasis qui ramaient pour y arriver et on se disait « si eux, le plus grand groupe de rock du monde n'y arrive pas, c'est que c'est juste impossible! » En fait, eux seuls disaient qu'ils étaient le plus grand groupe du monde. De notre côté, on doit avoir des trucs qui plaisent plus aux Américains, pas nécessairement nos influences mais c'est clair qu'on a des références communes et ça a rendu les choses plus faciles.


D'ailleurs, on vous compare souvent aux Dead Weather mais personnellement, je trouve que vous avez quelque chose qui se rapproche plus du Jefferson Airplane que des Dead Weather. En live, vous interagissez plus comme eux.

Emma: Dorénavant, je veux qu'on m'appelle Grace Slick. (Emma prend la pose)
Russell: On veut juste être un bon groupe. D'où on vient en Angleterre, il faut être dans le courant, avoir le bon style, la bonne coupe de cheveux, être à la mode et nous, on n'a jamais été à la mode. Peut-être qu'en Amérique, ils font juste un peu plus attention au contenu, au fait qu'un groupe a la capacité de durer. Ils donnent de la valeur à l'expérience.
Matt: l'Angleterre, c'est génial mais c'est tellement dur d'y percer. Du coup, on s'est dit qu'on allait d'abord passer par la case Etats-Unis puis essayer de revenir après.On s'est d'abord fait un nom là-bas avant d'être redécouvert par nos concitoyens. Tourner en Angleterre, ça peut être déprimant franchement.
Russell: En même temps, on a fait des concerts où il n'y avait que trois personnes à Los Angeles. Il y a de quoi être dégouté. Mais bon, quand on réussit, on se souvient justement de ce concert-là. En France, on a fait quelques concerts, des festivals. Lors de otre dernier concert au Nouveau Casino, on s'est vraiment senti super bien accueilli, c'était vraiment chaleureux.
Matt: Surtout que vous, les Français, vous êtes des critiques vraiment acerbes quand vous le voulez.
Donc c'est cool de voir que les gens nous aiment bien ici.

J'ai lu quelque part que vous aviez pris votre nom de Shakespeare. Est-ce que c'est vrai et comment est-ce venu?
Matt: Aa a été une décision super rapide. Il fallait qu'on ait un nom pour le soir même, sinon on était rayé de je ne sais plus quelle liste. Et on jouait dans une salle à Southampton dans laquelle il y a une peinture tirée d'une pièce de Shakespeare.
Emma: C'était vraiment notre salle et on s'est dit que ce serait bien de prendre ce nom là, que ça faisait référence à un truc qui fonctionnait bien pour nous.

Vous avez beaucoup d'influences en commun, la soul, le rock 70s, le blues. Mais est-ce qu'il y a des groupes que vous aimez dont vous avez un peu honte?

Emma: Quel que soit le groupe, même si c'est ringard ou horrible, il ne aut pas en avoir honte. Si c'est ce que tu aimes, il ne faut pas s'occuper de ce que les autres pensent.
Matt: S'il faut s'inquiéter de ce que les autres pensent, on n'a pas fini. J'avoue, East 17 est une de nos influences principales! (Matt se met à chanter du East 17- rire général)
Russell: on a tous des influences assez différentes même si, concernant nos influences communes, elles sont toutes plutôt bonnes.
Emma: cCest rare qu'on soit en désaccord sur un truc en fait.

Vous avez fait la première partie des Dead Weather, de Muse, vous avez une chanson sur la bande originale de Twilight, une dans une pub pour Swatch, une autre pour Mustang et vous êtes les têtes de gondoles de Fender. Est-ce qu'il vous reste encore quelque chose à accomplir?

Russell: Faire un bon album.

Celui-ci est franchement pas mal quand même!

Matt: Oui, il est bien, mais je suis sûr qu'on peut faire mieux.
Russell: Une fois la tournée finie, on se remet au boulot.

Justement, est-ce que vous vous verriez arrêter de tourner pour vous consacrer uniquement à la production en studio comme les Beatles?

Emma: Non! Si je ne pouvais pas partir en tournée, franchement, ça me manquerait. C'est génial de composer, de réaliser l'album mais c'est en concert qu'on voit si ce qu'on fait fonctionne vraiment et plaît. Pouvoir tourner avec son album, c'est uen chance inouïe.
Matt: en fait, on est complètement fier de notre album quand on le joue sur scène.

Qui écrit les chansons dans le groupe?
Emma: On bosse tous sur les démos des autres. C'est clair qu'il ne faut pas être trop précieux envers les chansons qu'on apporte car on sait qu'en groupe, on va modifier une grande partie de ce qu'on a fait de notre côté. C'est vraiment enrichissant et c'est pour ça qu'on a chosi de faire partie d'un groupe aussi.

Emma, c'est toi qui a fait l'artwork pour l'album. Tu sors d'ailleurs d'une école d'art et récemment, tu as eu ta propre exposition à Southampton. Est-ce important pour toi de continuer à peindre, dessiner en dehors de la carrière bien remplie du groupe?

Emma: Je ne suis pas un peintre hors du commun mais c'est vrai que c'est quelque chose que j'ai besoin de garder à côté. Je fais beaucoup d'esquisses. En tournée, j'ai toujours un cahier avec moi sur lequel je peux dessiner. Récemment, quand on a enregistré en studio, j'ai pas mal fait de croquis du groupe, du studio. C'est vrai que j'aimerais à nouveau faire l'artwork pour le second album.

Emma dessine et peint. Et vous, Matt et Russell, avez-vous une autre passion artistique en dehors de Band Of Skulls?

Russell: Emma est très talentueuse et on aurait vraiment honte à côté d'elle de faire quoique ce soit qui sorte de la musique. On a vraiment de la chance qu'Emma nous laisse utiliser ses peintures pour l'album.
Emma: Les gars font pas mal de photos donc l'artwork pourrait être un mix de ces photos et de mes peintures. Avec un peu de temps, je pense qu'on peut arriver à quelque chose de vraiment bien.

Et que feriez-vous si vous n'étiez pas dans un groupe?

Russell: Emma serait super connue comme peintre. Nous, on serait certainement bourré, quelque part, on glanderait chez Emma!
Matt: On essaierait de lui emprunter de l'argent pour aller au pub.

Comme être dans un groupe un peu connu, c'est se permettre de pouvoir ouvrir la porte à d'autres, y a-t-il des groupes que vous conseilleriez?
Russell: Notre compatriote Thomas Tantrum
Emma: The Mullettes, Money Tree
Matt: Il y a un groupe de jazz: Portico Quartet. Et un groupe qui s'appelle Muse, ils viennent de l'Ouest de l'Angleterre, ils sont pas mal.

Je me demandais si vous aviez été tous d'accord pour participer à la bande originale de Twilight ou si vous aviez un peu hésité?
Matt: On a beaucoup de chance de pouvoir faire partie d'un projet pareil à ce stade de notre carrière. En fait, on l'a appris par les journaux. On savait qu'on était pressenti mais c'est finalement en ouvrant le journal un matin qu'on a su qu'on allait être dessus, comme Muse d'ailleurs. On a appelé notre manager qui venait lui aussi de l'apprendre. On s'y retrouve avec plein de groupes cool donc ça nous va plutôt bien. A la suite de ça, on a fait la première partie des Dead Weather et de Muse, ce qui, là encore, à ce stade de notre carrière, est une chance fantastique.

A ceux qui hésitent à venir à votre concert mercredi prochain, vous diriez quoi? Venez nous voir parce que …
Matt: Parce qu'on va faire un putain de bon concert et qu'après, la tournée s'arrête et c'est votre dernière chance de nous voir...
Russell: Et puis, vous pouvez nous croiser au bar après le concert.



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